Les voix hantées de Charlotte Delbo

01/11/2016
par Sophie Deltin
Le Matricule des Anges
Quand elle découvre Aucun de nous ne reviendra, premier livre fulgurant que la survivante tout juste de retour des camps composa au bord du vide en janvier 1946, la romancière Ghislaine Dunant dira s’être sentie harponnée. Pour l’auteur d’Un effondrement, récit d’une relégation aux prises avec le délitement de soi puis d’une renaissance à la vie, on imagine sans peine la déflagration provoquée par la lecture de ce premier tome de la trilogie Auschwitz et après (1965-1971). S’ensuivront pour l’écrivaine sept années de plongée dans l’œuvre protéiforme et inclassable de Charlotte Delbo, sept années à suivre et à « tenir le fil de (s)a voix », dont le résultat présent est un texte magnifique par sa profondeur et sa finesse d’émotion, à la croisée du récit intime, de l’enquête littéraire et de la méditation sur l’Histoire.