Tous les écrits

Cènes

Roman 2001

Gallimard

collection Blanche

L’agonie d’un père. La mort qui s’approche, la narratrice suspend sa vie à ce souffle qui s’en va, à l’énigme de la mort.
Elle se confronte au corps sur le lit d’hôpital, au corps d’un voisin apparu une nuit de l’autre côté de la rue, au corps amoureux.
"Ceci est mon corps", proche ou exhibé, approché ou tenu à distance... comme s’il y avait des échappatoires possibles au Temps.

"Cènes" décrit un homme qui va mourir, et celle qui le veille. L’un et l’autre donnent leur corps, l’un à la mort, l’autre pour sentir l’agonie et pour trouver la puissance de la vie dans le plaisir. Quoi de plus radical pour accepter la mort d’accepter la jouissance, qui est perte de soi. "Ceci est mon corps, prenez" dit le Christ pendant la Cène qu’il partage avec ses disciples avant de mourir. Phrase fondamentale, fondatrice, et qui m’intrigue. Car d’autres phrases auraient pu être prononcées à cet instant, évoquant l’amour, la charité, la vérité... mais c’est le corps, son don, qui est énoncé réalité ultime de la vie, qui fait la communion entre les hommes. L’acceptation de la mort et son travail m’a paru une liberté à conquérir. Accepter la finitude et dire la liberté de la jouissance. Jeter un regard froid sur la tyrannie du pouvoir familial, social, médical qui conduit à suivre ce qui n’est pas librement consenti.