Charlotte Delbo, résistante, écrivain de la déportation

Essai 2019
Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah
Petit Cahier N°27
J’ai lu tard dans ma vie l’oeuvre de Charlotte Delbo, mais l’effet a été extrêmement fort. J’ai été fascinée, stupéfiée par le pouvoir de sa littérature, le pouvoir de ses mots, le pouvoir de son texte. J’avais lu beaucoup d’écrivains et d’oeuvres littéraires majeures sur les camps et sur Auschwitz. Primo Levi avait compté pour moi, Robert Antelme avec L’Espèce humaine , mais lorsque j’ai lu Charlotte Delbo, il s’est passé autre chose pour moi. Pour la première fois, j’avais l’impression d’être « raccordée » à ce qui s’était passé. Tout d’un coup, ce trou, que je sentais dans ma propre humanité, que faisait la catastrophe d’Auschwitz, je le sentais possiblement raccommodé par la lecture de Charlotte Delbo.
Extrait de la p.20: "Elle rend compte de ce qu’elle a vécu en écrivant ces tableaux d’Auschwitz, et il est certain que d’assister Louis Jouvet plusieurs années avant sa déportation a été un élément fondamental. S’il était le metteur en scène de l’époque, le « redécouvreur » de Molière, il a eu aussi cette qualité de créer au théâtre ce que l’on appelait « l’illusion poétique », c’est-à-dire de montrer que ce n’était pas de la réalité dont le théâtre parlait, mais que le théâtre avait, grâce à un travail de mise en scène et au choix précis de quelques éléments de décor, la capacité de rendre quelque chose d’essentiel d’une situation humaine, d’une expérience humaine. Cette leçon, Charlotte Delbo la garde pour écrire ses tableaux. "